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Baptême des Maurisques

Le baptême des Maurisques, 1522, attribué à Phillipe Vigarny

Les Marrans ou Marrons auraient été une sorte de caste réprouvée d'Auvergne, de la vallée du Rhône et des Alpes, sans doute similaire au cas des Cagots de Gascogne et des Pyrénées. Leur existence n'est pas certaine, et seuls quelques auteurs en attestent, comme l'archiviste Francisque Michel, sans toutefois fournir de détails précis.

Leur nom semble dériver de Maure, faisant probablement allusion à des populations sarrasines ou juives reconverties et persécutées, ayant dû fuir d'Espagne. Le mot espagnol marrano justement, qui signifie aujourd'hui 'cochon', semble autrefois avoir été utilisé pour désigner péjorativement les Juifs convertis douteusement au Christianisme. Ce nom peut également provenir d'une ancienne racine celtique *marr (pierre), sur laquelle serait formé ce sobriquet pour se référer à des montagnards... Plusieurs théories sont possibles, et plusieurs époques sont en question, sans qu'on ne puisse savoir avec précision s'il s'agit bien des mêmes populations.

Le sujet de cet article pourra donc sembler un peu bancal et fourre-tout, puisqu'il s'agit avant tout de regrouper tous les éléments qui possiblement, pourraient avoir un lien avec ces populations, puisque deux ou trois possibles origines sont supposées selon les époques.

Attestations historiques[]

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Col du Grand-St-Bernard

De rustres montagnards?[]

Michel Francisque, au sujet des Marrons des Alpes, cite Rabelais, qui dans sa Pantagrueline Prognostication indique : "Les Gryphons et Marrons des montaignes de Savoye, Daulphiné, et Hyperborées, qui ont neiges sempiternelles (...)." Puis il cite Gilles Ménage et C. du Cange, qui au XVIIIe siècle, trouvèrent dans la Vie de St-Géraud, comte d'Aurillac, de St-Eude (ou Odon), abbé de Cluny au Xe siècle, une allusion aux Marruci comme étant des porteurs de chaises établis autour du "Mont-Joux" (le Latin Mons Jovis correspond au Col du Grand-St-Bernard entre le Val d'Aoste et le Valais) :

« Ipsi quippe Marruci ; rigentes videlicet Alpium incolae, nihil quaestuostus aestimabant, quam ut superlectilem Geraldi per juga montis Jovine transveherent. »

Or, ce même St-Eude de Cluny parle aussi des Marrucini, un peuple de marses, rudes montagnards des Abruzzes, dont la capitale était Marrubium ou Marone (aujourd'hui L'Aquila). Strabon avant lui, citait aussi les Marrucins dans son ouvrage intitulé "Géographie". Ce peuple pourrait ainsi descendre des cantonniers des armées romaines de César ou d'Auguste, qui étaient d'habiles guides dans les rochers, en été comme en hiver.



Puis, Jean de Cluny dans la Vie de St-Eude, reparla de ces porteurs alpins, mais en les nommant cette fois les Marrons, et dont il donnait l'origine en ces termes :

« Secus illum locum [il parle des Alpes], habitant quoddam genus hominum, qui "Marrones" vocantur : eo arbitror ex Marronea, Aquilonari provincia, illud nomen traxisse originem. Ii, accepta mercede, prabuerunt ei ducatum : ficut et aliis facere consueverunt : quia aliter, hiemis tempore, nemo perdillos Montes volet transire. »

Les Marrons ou Marons auraient donc été des passeurs ou guides de montagne, comme les a signalé récemment Nicolas Giudici avec le nom de marronniers en Val d'Aoste et, comme le confirmaient aussi les Chroniques de St-Trudon, qui les situaient également au Monte Jovis :

« Et post aliquot dies praemonstrata cis à praeducibus Maronibus difficilima via : Marones enim appellantur viarum praemonstratores, etc. »

Ce nom toutefois, pourrait avoir des origines plus anciennes, à en croire le nom du dieu Marunus, vénéré par les Gaulois et assimilé au Mercure romain, et dont le terme Marrons pourrait éventuellement dériver ; Mercure était en effet le dieu des voyageurs, des commerçants, et de tous ceux qui passaient la montagne (Latin: praeviatores). La racine celtique *marr (pierre), laisse également penser que Marrons ne soient simplement qu'un sobriquet donné aux montagnards.



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LOCALISATION - Chizerots

Localisation des cinq villages des Chizerots

Descendants des Sarrasins?[]

Des colonies descendant des Sarrasins ayant envahi la France au VIIIe siècle, et se seraient établies en plusieurs endroits du pays, notamment en Bresse et dans la vallée de la Saône, dans les villages de Boz, Arbigny, Sermoyer, Ozan et Uchizy. Connus comme Chizerots ou Burins, ces populations auraient eu les cheveux et les yeux noirs, et semblent avoir été haïes de leurs voisins, traitées comme des étrangers, méprisables et mesquins. Ils auraient cependant été de grands travailleurs, laboureurs, marchands de bétail ou bouchers, et leur réussite aurait bien souvent provoqué jalousie et mépris, face à la misère des paysans de la région.

Plus au Nord également, tout près de Fontévrault dans la Touraine, sur la presqu'île du Véron entre les cours de la Loire et de la Vienne, vivaient des gens au teint basané, visage aplati et cheveux très noirs, dont on racontait dans la région qu'ils descendaient de Sarrasins établis là, également au VIIIe siècle. Ces deux dernières attestations laissent entrevoir que le VIIIe siècle, fortement marqué par les nombreuses razzias, attaques localisées des Sarrasins, plutôt que des invasions (car les Comtes de Toulouse ont toujours fait tampon face à toute invasion réelle, mais cela quittant tout le mérite à Charles Martel, aurait volontairement été omis de l'Histoire de France), mais, fait important, que certains groupes auraient été contraints de rester sur place et en dépit de l'opposition des populations locales, d'où une assimilation tardive, puisqu'on se souvenait encore de plusieurs cas au début du XIXe siècle.

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Expulsion maurisques

Expulsion des Maurisques, descendants de ceux qui s'étaient convertis au Christianisme plus de cent ans auparavant, après le décret du roi Philippe III en 1609.

Descendants des Maurisques?[]

Dans les Alpes toujours, la légende de la fondation de Querio, un minuscule hameau de montagne situé au pied du Massif du Grand-Paradis dans le Piémont, parle de quatre frères ou compagnons d'origine sarrasine qui seraient venus se réfugier dans ces montagnes autour du XIIIe siècle, pour fuir des persécutions. Une autre légende, provenant cette fois de la Valsesia, parle également de réfugiés étrangers arrivés d'Espagne au XIVe siècle. La présence des Marrans en Auvergne remonterait au début du XVIIe siècle, date à laquelle le roi Philippe III réussit à chasser six à sept cent mille Maurisques d'Espagne. Forcés à se convertir déjà un siècle plus tôt, et poursuivis sans relâche par l'Inquisition, la plupart d'entre eux se réfugièrent en Afrique du Nord, mais de petits groupes auraient passé les Pyrénées sous le règne d'Henri IV, pour gagner la France ou l'Italie. Il y avait d'ailleurs au XVIIe siècle dans le Languedoc, plusieurs familles issues de Juifs convertis qu'on soupçonnait de "judaïser" et qu'on nommait également Marranes (voir justement le paragraphe sur les Polacres ci-après).

En France, c'est en 1394 que le roi Charles VI ordonna l'expulsion définitive de tous les Juifs du royaume. À Lyon, cette décision ne prit effet qu’en 1420 et dès lors, entre les XVI et XVIIe siècles, seuls les Marrans, ou Juifs d’Espagne reconvertis au Christianisme, étaient autorisés à séjourner en ville à l’occasion des foires franches comme marchands occasionnels, mais sans toutefois pouvoir s'y installer.

C'est cepedant à cette époque que des populations possiblement juives ou reconverties connues comme Polacres auraient habité dans les montagnes du Gévaudan, à l'Ouest de Marvejols, où l'on dénombre plusieurs tombeaux creusés dans la roche et orientés vers l'Est. À Masbousquet, hameau de St-Germain-du-Theil, se trouve même un ancien Cimetière des Polacres, mais on ne sait que peu de choses de plus à leur sujet. Par contre, à Paray-le-Monial dans le Charollais, vivait des gens connus localement comme Cacous, et qui se réclamaient eux aussi d'être des descendants des Polacres en laissant entendre qu'il s'agissait d'anciens mercenaires venus de Pologne. Mais là, plutôt qu'à des Juifs reconvertis, nous tendrions plutôt à penser à des Bohémiens, puisque cette époque est également celle de l'arrivée progressive des Roms en Europe occidentale...

Bibliographie[]

  • Du Cange, C. et alii, Glossarium mediae et infimae latinitatis, 1678, Niort: L. Favre, 1883‑1887. [> voir en ligne l'entrée : Marrones]
  • Francisque, Michel, Histoire des races maudites de la France et de l'Espagne, 2 tomes, 1847, A. Franck Libraire-Éditeur, Paris.
  • Giudici, Nicolas, La philosophie du Mont-blanc, 2000, Grasset.
  • Whitaker, John, The course of Hannibal over the Alps, 2 tomes, 1794, Londres.

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